Portraits de ces femmes qui désobéissent – Rosalie
D’où viens ton engagement ?
J’ai eu le déclic de l’engagement il y a 6 ans à Europe-Écologie-les-Verts puis chez les Jeunes Écologistes. Petit à petit j’ai fait beaucoup d’actions et de formations, en me sentant de plus en plus à ma place. J’ai porté un certain nombre de projets jusqu’à ce que je co-organise le festival des Jeunes Écologistes d’Île-de-France, sorte de précurseur du Village Alternatiba, qui m’a vraiment fait changer d’échelle. L’année suivante, j’ai été élue pour être en charge des relations internationales et européennes de la fédération, puis je suis devenue porte-parole nationale des Jeunes Écologistes, ce qui a été probablement l’expérience la plus riche qui ne m’ait été donné de vivre. Depuis, j’ai continué mon engagement dans ce mouvement, tout en me faisant beaucoup de réseau en en montant en compétence année après année. Mon engagement est très lié à l’acquisition de nouvelles compétences finalement ! J’ai ensuite pris des responsabilités à EELV, jusqu’à devenir directrice adjointe de la campagne de Yannick Jadot à la dernière présidentielle.
Aujourd’hui, je continue à faire des actions de désobéissance civile avec notamment ANV COP21 parce que c’est un mouvement dynamique, jeune et montant ! Je suis aussi très attentive aux mouvements féministes : je n’y suis pas aussi active que dans les mouvements écologistes, mais je participe quand même à leurs actions, je les relaie, je fais le pont avec les mouvements écologistes…
Pour moi, s’engager, c’est d’abord participer aux actions, faire masse dans le mouvement, et puis surtout ressentir du plaisir à y prendre part !
A ANV, du fait de mon parcours, j’apporte une vision politique et mes connaissances externe sur des calendriers qui ne sont pas forcément connus de tous par exemple, ce qui peut aider à bâtir la stratégie du mouvement. J’apporte donc autant que je peux mon point de vue et mes analyses stratégiques aux décisions.
Dans les actions auxquelles j’ai participé, j’ai particulièrement apprécié les occupations de banques, là où l’adrénaline monte très fort ! Mais j’ai aussi été très touchée par des manifestations de grande ampleur, comme celles contre la Loi Travail ou celles organisées pendant la COP21. Pour moi, après avoir travaillé à la préparation de ce moment pendant deux ans, depuis la COP19 de Varsovie, c’était très fort. C’était aussi un moment de grande frustration : l’état d’urgence et la manipulation du pouvoir en place pour déstabiliser les militants pour le climat à l’époque m’a dégoûté.
Que penses-tu de la place des femmes dans cet univers ?
Très clairement, il y a beaucoup moins de machos et de misogynes dans les milieux écolos qu’ailleurs. Je m’en aperçois d’autant plus quand je sors de ces milieux et que je me retrouve nez à nez avec des mecs machos et pas bienveillants. Mais quand même, il reste du travail à faire même dans notre milieu, les réflexes masculins restent présents. Même s’il y a un travail que les hommes font sur eux, on n’est pas encore à l’égalité. Il y a globalement des pratiques vertueuses, mais le chemin est encore long. Je travaille du coup beaucoup sur l’empowerment féminin : en effet, ce n’est pas parce que les femmes sont visibles qu’elles ont du pouvoir.
Il faut faire attention, on peut vite tomber dans des clichés ! Par exemple, quand on me parle d’éco-féminisme, je fais très attention. En effet, ça peut mener à des discours essentialistes et réactionnaires, du style : “Les femmes comprennent mieux les enfants et sentent mieux la planète parce qu’elles s’occupent plus des ressources, elles comprennent ces choses-là naturellement et sont prédisposées à s’en occuper”. Moi je me bats contre cette vision-là.
Je n’étais pas vraiment féministe il y a encore deux ans, mais en grandissant en politique, j’ai bien compris à quel point le pouvoir pouvait être gardé par la gente masculine. Dans le combat pour le climat, le féminisme doit être rattaché au changement global de société que nous prônons. Clairement, ça ne m’intéresse pas d’être dans un mouvement écologiste s’il n’est pas féministe ! Je me bats aussi pour le féminisme au sein des mouvements écologistes.
Je pense qu’il faut que les femmes s’entourent d’allié-e-s, et que quand elles s’engagent dans un mouvement écologiste, qu’elles le fassent aussi avec plaisir et pas en s’assignant à le porter comme une nouvelle charge, comme une nouvelle tâche domestique. Nous les femmes devons apprendre à prendre le pouvoir, pour porter un projet d’égalité.
Que vas-tu faire pendant la Fêtes des Possibles ?
Je serai présente pendant cette grande fête : je vais guetter l’agenda et aller voir ce qui m’intéresse, et bien sûr je serai présente pendant Alternatiba Paris !