Portraits de ces femmes qui désobéissent – Edwige
D’où viens ton engagement ?
Pour moi je ne milite pas, je résiste. Je ne suis pas une militante mais une résistante.
Je résiste pour qu’une une justice sociale et climatique soit un jour reconnue, ce qui veut dire résister à un problème systémique qui affecte notre vie et ce qui la compose : notre nourriture, notre mobilité, notre démocratie, etc.
J’essaye de faire prendre conscience aux citoyens que la manière dont nous vivons aujourd’hui nous mène sur un chemin qui ne respecte ni la planète, ni l’humain. Mon rôle est de semer, pour éveiller les consciences et pourquoi pas, peut être qu’un jour ses gens là, à leur tour s’engagent.
Quand je dis s’engager, ça ne veut pas dire forcément, être actif dans une association, dans un collectif mais c’est transformé leur habitudes quotidiennes. Par exemple, changer de banque, ce qui veut dire s’intéresser à ce que finance sa banque, prendre position et trouver une banque éthique qui respecte nos valeurs. Ça peut être aussi éviter les supermarchés et retournés aux marchés des villes, faire vivre des systèmes d’Amap ou de supermarchés citoyens etc….
Mon objectif est plus d’amener les gens à concevoir que acheter par le biais des circuits cours, c’est un acte politique quotidien, que si chacun le fait à son échelle. De faire en fonction d’eux, en somme. Notre société se transformera peut à peut et j’espère deviednra plus respectueuse de la planète et des habitants.
Je milite actuellement pour les collectifs Alternatiba et ANV COP21. Je suis membre de l’équipe qui anime le processus au quotidien avec une spécialisation dans la communication et la stratégie. En somme, je participe à faire vivre le mouvement, à en déployer la stratégie et à co-animer la communication du mouvement de temps à autre. Je participe aussi à des événements avec le groupe Alternatiba international, nous tissons des liens, nous construisons des ponts notamment avec d’autres résistants d’Europe et les peuples premier d’Amérique du Nord . Notre rôle est de tisser des liens avec les populations locales et de faire remonter les combats, les luttes communes. Nous organisons une résistance translocale.
J’ai particulièrement été marquée par des événements que nous avons organisé pendant la COP21 avec, notamment, le village mondiale des Alternatives qui se déroulait à Montreuil. Nous avons réussi à ramener 60 000 personnes autour de 130 alternatives et 20 pays représentés ! C’était extraordinaire de se retrouver là-bas, au milieu de l’état d’urgence et de la COP21.
Un autre événement incroyable auquel j’ai participé était l’accueil des représentants des peuples premiers d’Amérique du Nord, les Sioux du Dakota et du Lakota, qui ont accepté notre invitation en Europe pour parler de ce que eux subissent dans leurs terres sacrées. Les banques européennes financent actuellement des pipe-lines pour faire passer du pétrole, du gaz sur leurs terres.
Résister de la sorte, avec le collectif, ça me donne l’impression de faire ma part de colibri. Pour moi, c’est juste naturel de me mettre au service de ces causes qui m’enrichissent. J’ai acquis un certains nombre de compétences grâce notamment à l’organisation du village des alternatives à Dijon, à une étape du tour 2015, à l’organisation du Village Mondiale des Alternatives, aux Camp Climat auxquels j’ai participé et aux formations en continu. Aujourd’hui, je mets mes compétences au service de la cause plus que de ma propre ambition. Je suis les personnes qui sont pleinement actives dans cette cause et c’est ce qui me parle.
Naturellement, j’étais plutôt impulsive dans ma vie, un tantinet impatiente, colérique et surtout exigeante. Le fait de suivre des formations sur la non-violentes, sur la communication et la non-violence, m’ont transformée intérieurement ! Je suis devenue plus calme, j’ai découvert le yoga et j’ai adopté cette activité ; activité que je n’aurais jamais envisagée avant cette transformation, et tout cela m’apaise. Participer à ce projet me fait rencontrer des personnes avec qui je partage des idées, des valeurs et qui sont dans la même dynamique.
Que penses-tu de la place des femmes dans cet univers ?
Dans l’expérience que j’ai acquise, il n’y pas de jugements. Quand on est une femme, on a autant la parole qu’un garçon. Chacun a sa place ! On s’investit comme on veut comme on peut, indépendamment des sexes. Moi j’ai adhéré au projet Alternatiba et à la défense du climat justement parce que par rapport aux autres associations dans lesquelles j’étais avant, j’ai trouvé que la place faite aux femmes était normale et naturelle ! Dès le départ, j’avais envie de m’investir et j’ai pu faire ce choix, de rester dans une équité parfaite. Nous mettons d’ailleurs en place des processus pour que nous les femmes nous puissions nous sentir bien et participer pleinement à l’animation du projet.
Par exemple, on avait mis en place, il y a quelques temps, des listes pour que quand un garçon s’exprimait, une femme puisse le faire aussi. Maintenant c’est l’inverse ! On est obligé de ralentir l’expression des filles pour que les garçons puissent s’exprimer un peu.
En tant que femme, je me sens pleinement respectée.
Que vas-tu faire pendant la Fêtes des Possibles ?
Je n’ai rien de prévu spécifiquement peut être que rejoindrai les collectifs à Paris ou à Lyon pour voir ce qu’il s’y passe, il n’y a pas grand chose à Dijon !